Comment l’écriture améliore la longévité cognitive ?
L’écriture manuscrite se perd, hélas ! depuis l’arrivée des ordinateurs et des claviers qui ont remplacé le sympathique carnet de notes, le journal intime et le beau stylo de notre adolescence. Et pourtant, l’écriture nous est nécessaire puisqu’elle améliore notre longévité cognitive. Découvrons pourquoi les spécialistes recommandent la prise de notes manuscrites ou la rédaction de courriers à l’aide d’un bloc de papier et d’un stylo
Quel est le rapport entre la main, l’écriture et le cerveau ?
Interrogeons-nous sur le lien qui unit la main, l’écriture et le cerveau dans les échanges cognitifs. La prise de notes par le biais d’un stylo est un véritable outil qui permet, outre d’aider à l’enregistrement d’une information, de l’intégrer, de l’analyser, de la traiter puis de l’enregistrer.
En prenant nos notes depuis un clavier d’ordinateur, les études montrent que notre cerveau ne traite pas l’information de la même façon. Cette prise de note informatisée est appelée « prise de note non générative » que l’on peut définir par l’abandon d’un engagement cognitif entre ce que l’on entend (lors d’un cours magistral par exemple) et la note prise depuis un clavier.
L’engagement cognitif et la prise de note manuscrite
Gardons l’exemple du cours magistral dans l'amphithéâtre de l’université. La partie de l’exposé que l’on désire conserver dans notre cahier passe par cette étape supplémentaire qui est la prise de note générative. Elle nous permet d’apprendre et donc de retenir ce que nous avons entendu.
Pourquoi l’appelle-t-on prise de note générative ? Tout simplement parce qu’elle intègre dans sa mise en œuvre :
• le cerveau qui donne une logique à ce que l’on entend,
• la réflexion qui arrive une fois la logique intégrée ;
• la compréhension de cette logique ;
• la prise de note manuscrite qui traduit notre compréhension ;
• l’apprentissage de la partie entendue puis notée.
Cette étude des enchaînements démontre qu’il y a donc une première prise de note mentale qui est ensuite retranscrite après le passage par les différentes étapes ci-dessus.
Pourquoi les écrivains et les rédacteurs utilisent-ils la prise de note manuscrite ?
Le magazine Rédaction Zen, consacré aux rédacteurs web débutants ou confirmés, regroupe de nombreux professionnels qui expliquent, pour la plupart d’entre eux, préparer leur plan de rédaction d’un texte à l’aide d’un carnet de notes et d’un stylo. Ils déterminent de cette façon les titres de leurs paragraphes en passant par l’étape de la réflexion, puis de la compréhension du déroulé du futur texte pour arriver à l’élaboration du plan définitif.
Ainsi évolue la réflexion de façon concomitante, à la génération d’idées qui se retrouveront à termes dans la composition du texte. Nous voyons bien ici l’importance de cette note générative qui permet à la rédactrice web de définir la structure de son texte tout en créant mentalement le contenu de chaque paragraphe.
Il en est de même pour certains écrivains qui aiment par-dessus tout rédiger leurs romans à la main et ne désirent pour rien au monde travailler sur un ordinateur. Tous précisent qu’ils peuvent ainsi mieux appréhender une situation, faire vivre un personnage ou faire évoluer une action au sein de leur future parution.
De la réflexion naît l’écriture : le cas de l’enfant
Sans réflexion poussée et apprentissage, point d’écriture ! C’est ici qu'entre en jeu la main et sa capacité à écrire. Un enfant apprend à tenir un stylo, puis à tracer des traits. Il commence ensuite l’apprentissage des lettres : le tracé, l’accord de deux lettres en elles pour former un son, l’enchaînement des mots, puis des phrases.
Son cerveau apprend donc progressivement à intégrer ce qu’il entend ou voit par l’expression manuscrite. De cette transcription vient ensuite l’apprentissage des leçons. Il n’est pas rare de voir un enfant se remémorer à quel moment il a écrit une telle phrase, comme si le cerveau mettait un point d’honneur à se rappeler chaque moment de la prise de notes.
Lien entre écriture, dessin, écoute et la compréhension
L’adulte a bien évidemment intégré depuis longtemps ces différentes étapes. Il va alors mettre en action différents leviers supplémentaires de compréhension qui sont souvent acquis pendant le parcours scolaire :
• dessin ou schéma pour expliquer de façon visuelle un point particulier ;
• écoute d’un enregistrement audio pour écouter à nouveau un enseignement ;
• rédaction de ce qu’il a vu et entendu pour synthétisation et apprentissage.
Vous l’aurez compris, nous avons besoin d’écrire pour intégrer des notions plus profondes et parfois plus compliquées, là où seules l’écoute ou la visualisation ne suffisent pas.
Pourquoi l’écriture est-elle essentielle l’âge venant ?
Nous le savons, nos neurones ont la fâcheuse tendance à disparaître au fil des années. Plus ceux-ci sont nombreux et meilleure est notre longévité cognitive. En clair, plus nous faisons travailler notre cerveau et l’entraînons régulièrement, plus nous retardons les effets du vieillissement.
Mais les bienfaits de l’écriture ne s’arrêtent pas là puisqu’en tenant notre stylo, nous travaillons notre motricité fine. La régularité de l’écriture, la hauteur et la formation des lettres ainsi que les mouvements inconscients qui font que l’on peut différencier une écriture d’une autre, ont tous la même origine : notre cerveau.
Ce chef d’orchestre réserve une grande place à la main dans son organisation au sein du cortex, au même titre que le visage et la langue, mais bien moins pour les membres inférieurs. On parle alors de représentation corticale, qui correspond à une zone plus ou moins importante au sein de notre cerveau.
Un véritable entraînement sportif
Ainsi, c’est un véritable entraînement sportif que les personnes âgées doivent faire subir à leur cerveau pour conserver une structure cérébrale coordonnée et conjointe que l’on retrouve dans les trois actions qu’induisent l’écriture manuscrite :
• la perception : elle correspond à la capture des stimuli comme la feuille de papier, le stylo et l’organisation primaire (ou l’intention) de la prise de note ;
• la décision d’écrire : celle-ci met en action le premier pas vers la planification de l’écriture ;
• l’exécution en elle-même : l’ensemble cerveau et main qui se coordonnent pour la production écrite.
Comment s’entraîner pour conserver une longévité cognitive grâce à l’écriture ?
Une seule réponse : écrivez régulièrement. Plus vous serez au contact d’une feuille et d’un stylo, plus votre cerveau sera entraîné et votre longévité cognitive perpétuée.
Si cette réponse semble effectivement assez simpliste, il n’en reste pas moins que vous allez devoir trouver des thèmes pour votre entraînement rédactionnel, en dehors de votre liste de courses bien évidemment.
Écrire des moments de vie est le thème le plus commun et souvent aussi le plus facile. Pour cela, achetez un joli carnet, un stylo ou un feutre adapté à votre main et octroyez une heure ou deux par semaine (voire davantage si vous vous prenez au jeu) de votre emploi du temps à cette activité.
Si vous avez des petits-enfants, vous pouvez également inventer puis rédiger une histoire ou un poème que vous leur lirez avant d’aller au lit ou à l’occasion de leur anniversaire. Ils conserveront longtemps ce texte manuscrit comme étant un des plus beaux souvenirs de leur enfance.
Pourquoi ne pas vous lancer dans la rédaction d’une nouvelle, voire d’un roman pour les plus courageux d’entre vous ? Comme vous pouvez le constater, nous pouvons écrire sur des sujets différents, mais tout à fait passionnants.
À vous de jouer, non pardon, d’écrire !